Résidence, Création, 2021/2022, Danse

Résidence "Farandole de Solitudes" d'Alice Kinh | Création 2022

Résidence
Création
2021/2022
Danse

Résidence de création du 3 au 6 octobre 2021

A Cognac, "Farandole de Solitudes" se déploie dans l'espace public. Quoi de plus commun à nous tous que la mort ? Et si vous découvriez certains gestes des thanatopracteurs, des croc morts, des fossoyeurs, des pleureuses qui aident à prolonger le lien avec le mort ou la mort transformés pour le voyage chorégraphique ? Dans l'évocation parcimonieuse de ces gestes, les quatre danseuses de la farandole matérialisent leur questionnement de la perte et des solitudes dans une version brute, percutante, qui pourra toucher tous les publics.

Farandole de Solitudes est une création sur plusieurs volets autour de la question de la mort : et si nous parlions de la mort à travers le besoin nécessaire du lien, du toucher et du contact. De la douceur, de la délicatesse et de la poésie afin que nous puissions ensemble accepter la mort comme faisant partie de la vie.

Pour se faire le spectateur est amené dans un tout autre espace temps, invité à contempler ensemble dans un temps suspendu où il n’est pus question de références mais où il est maintenant question de ressenti et de ressentir un voyage propre.

A l’origine

Ma recherche sur les danses macabres du XVème – XVIème siècle en France est le point de départ de Farandole de Solitudes. Il y a une fascination et une peur de ces danses où chacun côtoie la mort et apprend à danser pour mourir.

Les danses macabres, en dehors des squelettes, qui peuvent impressionner, ne représentent pas une danse morbide. Au contraire, elles représentent toute la force vitale, la force créatrice, populaire et festive du vivre ensemble. A travers la danse macabre, c’est l’abolition des frontières entre le corps et le monde qui se met en scène.

L’inspiration issue des danses macabres m’a donné une ouverture pour parler de la mort dans la création, et du lien entre humain et nature pour nous aider à continuer à vivre.

Plongeon 

Accepter la mort pour mieux vivre.
Accepter le lâcher prise pour mieux se métamorphoser.
Accepter l’abandon pour mieux être connecté au monde.

Comme nous le rappelle Pascale Quignard l’étymologie latine du verbe perdre : « per dare » veut dire « donner à l’infini ». Comment le sentiment d’injustice de la perte d’un être cher peut-il être vécu comme un don à l’infini ?

Solitude et identité sont synonymes pour moi. Nous sommes tous amenés à vivre des métamorphoses dans notre vie, à l’intérieur et dans notre relation aux autres. Il s’agit donc dans cette pièce chorégraphique de parler de notre solitude intime et personnelle et aussi de nos solitudes, plurielles ou collectives.

On peut parfois se sentir étouffer dans notre société occidentale par l’angoisse de mort, vécue comme un déséquilibre. Je me propose d’apprivoiser ce sentiment en regardant la mort, ma mort et celle des autres autrement que sous l’aspect tragique, violent et plein de souffrance. Le contact entre nos solitudes, qui apparaissent selon des contextes, des espaces, des langages est le lieu de petites morts. C’est donc en passant d’une solitude à une autre, d’une identité à une autre, que l’on retrouve notre équilibre.

Dans les interviews de terrain pour ma recherche chorégraphique, je pose la question « que faites-vous lorsque votre solitude est trop forte ? »; et plus de 90% des personnes me répondent « marcher ». C’est le moment où l’on se replonge en soi, où le corps accompagne l’esprit et où ensemble ils parviennent à dissiper leurs frontières pour ne faire qu’un. La marche est cette bascule, mouvement du corps comme la pensée est une bascule de l’esprit. Ainsi, Nietzsche disait « seules les pensées que l’on a en marchant valent quelque chose ».  Dans ce mouvement nous jouons avec la perte d’équilibre, d’une pensée à une autre, d’un pas à un autre.

Jeu d’équilibre, lieu de contacts entre les individus face à la mort, la danse macabre donne une représentation idéale de la mort comme un don à l’infini. Ainsi on peut, comme le conseille Guyot Marchant, « apprendre à danser pour apprendre à mourir ».

Ma solitude, mes solitudes, nos solitudes sont autant de chances de danser ensemble pour vivre plus serein et pour accepter notre vie.

Alice Kinh

Alice Kinh, chorégraphe / alicekinh.com

Danseuse et chercheuse de formation. En parallèle de s e s é tude s e l l e a c r é é de s pi è c e s chorégraphiques et autres objets artistiques avec d’autres artistes afin d’avancer sur ses intentions de danseuse et de chorégraphe. Elle a eu la chance de rencontrer plusieurs artistes avec qui elle a mené des collaborations sur plusieurs années (Nancy Spanier, Paul Oertel, Jean-Michel Vermersch, Théo-Mogan Gidon, Selim Ben Safia, Fanny Fortage, etc…).

Nomade de la danse et socio-chorégraphe, elle allie des projets artistiques à des rencontres et des voyages. C’est au sein du Duo Umaï qu’elle fait ses premiers pas dans le milieu chorégraphique en passant notamment par le festival Off d’Avignon et en étant soutenue pour la dernière création du duo par la DRAC Bourgogne Franche Comté, la Région Cote d’Or et le département Saône et Loire. Elle ouvre ensuite son horizon en travaillant notamment avec le chorégraphe Selim Ben Safia (Tunisie) et la metteur en scène Maëlle Poésy à l’Opéra de Dijon.

Elle aime mélanger les univers en changeant de style de danse, notamment pour des projets audiovisuels. Elle a été chorégraphe pour 23 danseuses pour le clip de l’artiste Darzack, danseuse principale pour un clip du groupe Maestro, ou encore danseuse et chorégraphe pour un spectacle de musique classique d’Hugo Reyne sur Debussy « Syrinx ou l’invention de la flûte de Pan ». Les rencontres nombreuses avec des artistes tels que Barbara Carlotti ou bien les Sages Poètes de la Rue lui ont permis de s’inscrire dans un milieu artistique ouvert et varié.

Le projet Farandole de Solitudes, abordant la question de la mort en plusieurs volets, mûrit depuis plusieurs années, voit son départ avec la création en 2020 du premier volet. Aujourd’hui, elle se sent riche de ses différentes expériences artistiques et prête à mener jusqu’au bout cette ambition chorégraphique.

L’équipe artistique / distribution
Conception et chorégraphie : Alice Kinh

Co-créé avec et interprété par : Léa Bonnaud, Salomé Genès, Charlotte Leroy, Aude Westphal

Création musicale : Grand Soir - Maryus & Krzysztof Raczynski

Création lumière et régie générale : Jérôme Bertin

Dramaturgie : Emilie Léveillé (et crédit photos)

Regard extérieur : Antoine Colonna d’Istria

Administratrice : Fanny Baconnais

Production déléguée : Ioul Musique

Co-production : Espace Mendi Zolan, co-producteurs Ulule

Avec le soutien de : La Ménagerie de Verre Studio Lab - Paris, La Mue - Caen, Théâtre L’horizon - La Rochelle, Atelier Anna Weill - Poitiers, Espace Mendi Zolan - Hendaye, OARA La Méca- Bordeaux, La Métive – lieu international de résidence de création

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