Marlène Rubinelli-Giordano
En renouant avec la rue, je veux creuser ce qui lie toute forme vivante à un lieu.
Un spectacle pour l’espace public travaillé au théâtre ? Cette résidence, la deuxième de la compagnie pour cette création, va surtout être l’enjeux des retrouvailles de l’équipe artistique après le confinement et la reprise du travail des numéros de chacun des agrès.
L’intention. L’on pourrait voir dans les rues, sur les places, deux hommes et quatre femmes sous nos regards. Mais entre eux, avec nous, quelles relations se trament, se nouent, se détissent ? Attraction, répulsion, reconnaissance, indifférence : l’amour, le désir – et leur absence – fondent les phénomènes qui font les rapports amoureux. Ces six solitudes, ces six artistes de cirque, en contorsions, au mât chinois, à la roue cyr, aux sangles, tendent vers l’autre leurs corps et tentent d’ouvrir leurs cœurs, autant que de sauver leurs peaux. Avec passion, puissance et frénésie.
En renouant avec la rue, je veux creuser ce qui lie toute forme vivante à un lieu : en quoi l’espace public, extérieur, ouvert, traversé de part en part, architecturé, contribue à diffracter la pièce, à la réinventer et à la revoir sans cesse ?
Comme l’on pourrait voir – en chaque protagoniste ou comme une présence hiératique – les attributs de la Méduse mythologique : une chevelure prodigieuse, un regard sidérant, un masque, des serpents, un cri et ce cheval ailé.
Et comme, au-delà encore, l’on pourrait voir ce que cette hantise nous raconte de l’expérience qu’hommes et femmes ont de l’espace public, de leurs corps et de leurs regards dans ces lieux mais aussi des sentiments intériorisés, des stratégies, des gestes devenus réflexes. Insécurité, protection, évitement, appartenance : qu’est-ce qui conditionne nos comportements ? Jusqu’à quel point nos circulations et nos usages de l’espace public diffèrent-ils selon notre genre, notre couleur, notre âge ?
— Cie L’MRG’ée