"Ma République et moi" en résidence avant sa Première!
Du 23 octobre au 6 novembre 2023
RDV mardi 7 novembre à 20h30 pour la première représentation de cette pièce de théâtre; un seul en scène créé par Issam Rachyq-Ahrad / Cie Iwa.
Photo Quentin Petit à l'occasion de l'entretien Charente Libre avec Fanny Perrette
« MA RÉPUBLIQUE ET MOI », UNE PREMIÈRE À L’AVANT-SCÈNE À COGNAC
Devenu acteur et professeur d’art dramatique, il revient à la maison présenter « Ma République et Moi » de la Compagnie Iwa. Issam adulte convoque les souvenirs de sa vie quotidienne auprès de sa mère pour sortir de son incompréhension et de son propre préjugé contre le voile qu’elle porte. Une première à l’Avant-Scène le mardi 7 novembre à 20h30, avant une tournée dans toute la France.
Comment vous sentez-vous à l’approche de la première, qui plus est à la maison ?
C’est avec le plus grand plaisir et le plus grand bonheur que je viens faire ma première en tant que metteur en scène et auteur ici. En plus, le théâtre de Cognac, c’est quand même la première institution m’ayant soutenu sur ce projet. Ils sont là depuis le départ. Quelque part, que la boucle se boucle ici, je trouve que c’est un beau geste.
Ce sont des récits de femmes, des récits pluriels. À quoi peut s’attendre le public ?
« Ma République et Moi » est le résultat d’une soixantaine de rencontres de femmes de Cognac, Angoulême et Paris, mixées dans le personnage qui est proposé ici sur scène. Je suis parti sans aucun a priori. Je me suis dit que je n’allais pas imposer un questionnaire ni donner une volonté précise au travail. De là, des récits se sont tissés, des propositions, des voix différentes et c’est comme cela que j’ai construit le rôle de la mère. C’est un spectacle qui se veut convivial, généreux comme un trait d’union, un moment de vie en République quelque part, où tout le monde a sa place.
Votre volonté d’écrire cette pièce est partie d’un fait divers au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, où un élu du Rassemblement national a violemment pris à partie une femme voilée qui accompagnait des élèves lors d’une sortie destinée à les sensibiliser aux valeurs de la République.
Oui, je voulais travailler autour de la question de l’humiliation. Je me suis demandé : comment la République peut à la fois solliciter les parents et les rejeter ? Leur disant : vous n’êtes pas à votre place dans cette société. Vous n’êtes pas l’image que l’on se représente de cette société. Vous êtes la honte de la République. Un enfant qui est témoin d’une telle humiliation, comment il s’en remet ? Comment il se protège ? Quels sont les outils dont il dispose à 10 ans, 11 ans, 12 ans ? Comment on se sauve ?
Comment avez-vous vécu ces choses-là personnellement ? Vous y êtes-vous retrouvé confronté quand vous étiez plus jeune ?
Oui, c’est tout l’objet du spectacle. Je fais le lien entre ce fait divers avec ce petit garçon, mes souvenirs d’enfance avec ma maman qui portait le voile et à la fois, maintenant, en tant que père d’un petit garçon, je me questionne aussi. Quels seront ses 10 ans à lui ? Est-ce qu’il aura son moment de honte et d’humiliation ? Comment il va se sauver de ça ?
Votre spectacle entre en résonance aujourd’hui avec beaucoup de problématiques que l’on retrouve dans la société. Notamment avec la confrontation entre des enfants qui ont grandi en République et les parents qui sont émigrés. Comment cela rentre en résonance en toi, toute cette actualité ?
Depuis trois ans que nous sommes sur le projet, tous les trois mois, on est en train de se dire : « Oh dis donc, c’est vraiment en plein dans l’actualité ». Soit il se passe un drame, soit ce sont les polémiques en milieu scolaire… Cela peut être un milliard de choses qui sont en périphérie mais, bizarrement, qui ne sont pas du tout dans le spectacle. Le spectacle ne part pas de polémiques ou ne travaille pas sur de la polémique, pas du tout. Il est vraiment basé sur le rapport intime entre une mère et son fils. Au final, cela prend vraiment la forme d’un hommage. Ça, j’y tiens beaucoup, car ma mère a toujours voulu que j’écrive un livre sur sa vie. Elle avait toujours des petites histoires à raconter. Du coup, je n’ai pas écrit un livre, j’ai écrit une pièce. J’avais envie de profiter du fait qu’elle soit vivante pour qu’elle entende cette histoire. C’est un hommage plus qu’une dimension politique ou sociale ; même si évidemment il y en a, je ne peux pas passer à côté de cette question-là. Elle y est mais de façon poétique, plus intime.