SPPI "Violent"
La Société Protectrice de Petites Idées, en résidence | février 2022
Depuis plusieurs années, Nanda Suc et Aude Martos se nourrissent quotidiennement d’images, ...
Jean-Marie Donat (collectionneur et artiste iconographe, éditeur et auteur des ouvrages What The Fuck) décrit ses livres comme des compilations de photos soulignant la course folle au partage de contenus extraordinaires. (…) Leur accumulation pose la question de la dilution du sens.
VIOLENT est comparable en plusieurs points à ce type de procédé.
Depuis plusieurs années, Nanda Suc et Aude Martos se nourrissent quotidiennement d’images, de photographies vernaculaires, de GIFs et de vidéos populaires issues d’internet, souvent en mesure d’être catégorisées « WTF ». Avec force recherches aux intitulés dadaïstes, elles découvrent que certaines d’entre elles — dont le caractère absurde se traduit par une surcharge d’informations, une juxtaposition de situations contradictoires, ou une forme d’excès — provoque un choc immédiat, une perplexité qui paralyse le jugement et leur évoque un seul adjectif : violent. Au fil du temps elles approfondissent le phénomène et cherchent à le transformer en approche scénique.
VIOLENT est parti de la déroutante facilité et du plaisir que prennent les corps des deux artistes à faire la même chose. La similarité physique, les années de collaboration et les compétences permettent au duo d’explorer un travail vers la gémellité sans avoir à passer par l’imitation. L’écriture scénique utilise les principes qui rendent absurdes les images dont se nourrit le duo : exaltation, surenchère, excès, surcharge d’informations. Dans les vidéos populaires qu’elles regardent, les comédiennes observent particulièrement les rapports qu’entretiennent les protagonistes entre eux et le comportement des enfants lors des « incidents » que les vidéos mettent en avant. L’enjeu étant de concevoir des expérimentations absurdes et de les traverser avec une spontanéité aussi concrète que celle observée à l’écran. Les protagonistes s’emparent de l’idéologie présente dans le consumérisme comme modèle de vie incontournable. Le duo vagabonde dans une accumulation hétéroclite, colorée et sans logique apparente (possible métaphore d’internet), comme un parc d’attractions à haut potentiel d’accidents domestiques.
Que se passe-t-il si on accède à tous nos caprices ? VIOLENT propose un espace où vivre ses fantasmes avec un rythme où le contrôle, la maîtrise n’ont pas le temps de s’installer. Le public est invité à regarder le sens se dissoudre au profit de l’expérience à sensations. Le duo, hystérisé par la surenchère d’émotions et obsédé par la soif de nouveauté, multiplie les défis absurdes en sollicitant leur corps à l’extrême.