Partant du postulat que des poèmes ne «cherchent pas» une chose mais sont (et c’est tout), nous envisageons cette pièce comme une série d’actions juxtaposées les unes aux autres qui, loin d’être «à comprendre», viennent faire poème.

En coréalisation avec l’OARA

Attachée à une simplicité des formes, La Tierce ancre son travail dans l’expérience sensible, creuse dans des gestes anodins et excentrés pour faire appel aux imaginaires sensibles de chacun. Comme un recueil de poèmes sous-tendus par un même fil : la performance déroule une succession d’actions simples, de gestes sans âge – 22 au total – des gestes blancs envisagés comme autant de poèmes concrets s’emparant du réel comme matière première. Ici, le corps agissant ne raconte ni ne prédit : il fait simplement expérience. Il fabrique et manipule quelques objets et matières familières susceptibles de recréer sa présence au monde.

Pose une pierre sur ton ombre. Et pars en courant. — Tao Li Fu (Jean-Pierre Siméon)

22 ACTIONS faire poème poursuit une recherche autour des formes et ce qu’elles contiennent de caché en s’intéressant à une forme littéraire ancienne, la poésie. Nous souhaitons envisager notre prochaine création comme un recueil de poèmes sous-tendus par une même ligne: faire sentir ce qu’il y a de vivant entre les formes. Faisant le constat qu’il est de plus en plus difficile de faire de l’art dans un monde qui exige un engagement envers de nombreuses urgences – politiques, écologiques, humaines – il nous semble vital de redonner une place au poème: parce que dans sa «non-nécessité», le poème compose avec ce qu’il y a justement d’essentiel et qui touche au cœur de nos préoccupations: le réel.

Dans l’espace de jeu, trois corps participent à leur manière à l’écriture de chaque poème. Dans un espace découpé et habité par deux corps d’où semblent provenir des sons, une interprète fait défiler plusieurs objets qu’elle active tour à tour singulièrement.

Avec la mise en scène d’un solo «augmenté», il s’agit de chorégraphier une présence cherchant à̀ éprouver le réel: entrer dans un lieu, le faire vibrer, tester des matières et goûter à leur résonance, comme un rituel dont on ne saisit ni l’origine ni le but. À̀ travers des danses et des gestes archaïques, un corps part à la recherche de l’essence de la poésie amplifié par deux sources sonores, deux interprètes se confondant presque avec la surface du sol et accompagnant les 22 actions qui composent la pièce.
En considérant le sonore comme un art de la durée et du mouvement, nous tentons de célébrer ce qui habituellement se tait: l’invisible qui est à l’œuvre dans le réel.

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